Professionnel | Château Clos de Boüard

Le sans alcool arrive à Saint-Emilion

Article du sudouest.fr du 12/03/2023

Suite à la demande d’un client, Coralie de Bouard a lancé l’an dernier un vin désalcoolisé, produit dans les règles de l’art.

Produire un vin désalcoolisé, tél est le défi relevé par Coralie de Bouärd, propriétaire du château Clos de Bouärd classé en Montagne Saint-Émilion. Ainsi est née la marque Prince Oscar, contraction du nom de son fils et du premier client à avoir passé commande pour ce nectar sans alcool : le Parc des Princes.

Une niche marketing ? Pas pour la vigneronne en quête d’innovation. « Cela s’adresse aussi bien aux femmes enceintes qu’à des personnes qui ont des problèmes de santé ou d’alcoolémie, mais aussi les capitaines de soirée ou encore celles qui s’abstiennent pour des raisons religieuses… Toutes auront le plaisir de déguster un joli produit et partager un moment de convivialité » résume la viticultrice qui s’est lancée dans l’aventure car sollicitée

Élevé en barrique 

En pleine crise viticole bordelaise, elle sait le sujet périlleux. D’ailleurs, l’appellation Montagne Saint-Emilion ne figure pas sur l’étiquette. « Sans savoir, les gens attaquent. Ça fait peur parce que c’est méconnu, alors qu’il en ressort un produit de qualité ». Il aura ainsi fallu un an d’expérimentations et un partenariat avec une start-up parisienne B & $ Tech, spécialisée dans le procédé d’évaporation sous-vide, avant de sortir les premières bouteilles au printemps 2022;

« L’idée, c’est de produire un vin haut de gamme selon le procédé habituel. Celui-ci fait ainsi l’objet d’une fermentation complète et d’un élevage en barrique, avant d’être envoyé en camion-citerne jusqu’à un laboratoire parisien afin d’y être désal coolisé à froid sous vide, en un seul passage à travers une membrane pour garder l’éclat du fruit. » La cuvée y est chauffée à 35° afin d’enlever toute trace d’alcool. Une hérésie pour certains, même si la température est volontairement maîtrisée pour réduire l’impact de cette chauffe.

« On a tout fait pour retrouver la notion de fruit qu’on aime avoir », assure Coralie de Bouard. »

Un arôme fruité

« On a tout fait pour retrouver la notion de fruit qu’on aime avoir. notion de fruit qu’on aime avoir l’alcool apporte du goût, du gras. On a réussi à rééquilibrer son absence grâce à l’ajout de moult. Au final cela donne un vin plus fruité pour lequel on maintient une structure tannique, même si celle-ci est moins présente, résume Coralie de Bouard. Les amateurs de vin rencontrés sont rarement convaincus. Pour la plupart d’entre eux, l’aspect marche bien, mais le nez et le goût ne trompent pas. Clairement, les initiés le situent entre du vin et du jus de raisin. En revanche, ils constatent qu’il laisse la mème sensation de dépôt sur la langue. Et pour cause, il s’agit d’un vin produit selon les règles de l’art.

Des critiques dejà entendues par la viticultrice mais, pour elle, le visuel et le décorum comptent autant que le goût : déboucher le flacon, trinquer, déguster une bonne bouteille aussi désalcoolisée soit-elle avec un bon petit plat. « Ça permet de remettre tout le monde dans la cohésion. C’est aussi un élément de lien et de partage. » Et au vu des commandes qui ne cessent de croître aussi bien en France qu’en Allemagne, en Arabie saoudite, sur le continent africain et bientôt en Asie, Prince Oscar semble aussi répondre à une attente.