Article Elephant : C’est d’aujourd’hui... Sans alcool, leur vie est plus folle
En 2025, la consommation d’alcool recule fortement en France, en particulier chez les jeunes. Si le cinéma et la culture populaire ont longtemps idéalisé l’alcool – à l’image du célèbre James Bond et de son vodka-Martini – la tendance actuelle est à la sobriété. Selon l’Observatoire français des drogues, 61 % des adultes déclarent ne plus boire chaque semaine, contre 37 % en 2000. Chez les jeunes de 17 ans, la proportion de non-buveurs a fortement augmenté, et seulement 58 % consomment régulièrement de l’alcool, contre 81 % en 2002. Le vin rouge est particulièrement touché par ce désintérêt : ses ventes ont chuté de 26 % entre 2018 et 2023.
Ce changement de comportement se reflète aussi dans les discours publics. Des personnalités comme la journaliste Claire Touzard ou l’influenceur Maxime Musqua racontent leur sevrage, dénonçant la banalisation sociale de l’alcool. Des initiatives personnelles comme celle de Vincent M., créateur du site Absteme.com, montrent qu’il existe une vraie communauté autour de la sobriété choisie. Selon lui, l’obsession actuelle pour la performance et la peur de l’humiliation en ligne favorisent ce rejet de l’ivresse.
En réponse, le marché s’adapte. Les boissons sans alcool connaissent un essor fulgurant (+20 % en ventes en 2024), et de nombreuses caves spécialisées voient le jour. Sarah Missaoui, pionnière du genre à Paris, a ouvert sa boutique en 2022 malgré les réticences initiales. Aujourd’hui, elle constate que ses clients achètent ses produits pour leur goût, et non plus par nécessité médicale ou sociale.
Le vin n’échappe pas à cette évolution. La vigneronne Coralie de Boüard, installée à Montagne-Saint-Émilion, s’est lancée dans la désalcoolisation pour répondre à une commande du PSG. Après plusieurs essais, elle a réussi à produire un vin sans alcool par distillation à froid, une méthode qui conserve les arômes. Aujourd’hui, ce produit représente un tiers de son chiffre d’affaires et a sauvé son exploitation.
Enfin, une nouvelle profession émerge : celle de « sobrelier », ou sommelier spécialisé dans les boissons non alcoolisées. Benoît d’Onofrio milite pour une meilleure place des boissons sobres dans la gastronomie. Il crée des breuvages complexes à base d’ingrédients originaux comme le pain torréfié ou l’estragon, qu’il appelle « sobrevages ». Pour lui, le rôle du sommelier est d’accorder une boisson à un moment de vie, avec ou sans alcool.
Ce renouveau montre qu’il ne s’agit plus seulement de remplacer l’alcool, mais de redéfinir la culture de la boisson. Le sans-alcool s’impose comme un nouveau territoire de créativité, de santé, et de plaisir.